Mon chat s’est fait mordre par une vipère (ou un serpent)

Dr. Jarek Szczepaniak Vétérinaire de garde

Recueillez des informations sur l’espèce

Dans la mesure du possible, essayez de reconnaître l’espèce en cause. En France, ce sont uniquement les vipères qui sont venimeuses (Vipera aspis, Vipera berus et, plus rares, Vipera ursinii et Vipera seoanei).

Bien évidemment, ne tentez pas de capturer le serpent incriminé.

La totalité du venin n’est pas injectée la première fois et la vipère peut mordre de nouveau. Essayez éventuellement d’en prendre une photo.

Premiers gestes

Il faut avant tout calmer le chat et éviter tout stress ou effort qui favoriserait la diffusion rapide du venin en augmentant le débit sanguin. Il faut si possible le porter dans une couverture.

On peut appliquer des compresses d’eau froide ou une poche de glace sur la zone mordue (en intercalant un linge propre contre la peau) pour apaiser la douleur et limiter la diffusion du venin.

On peut aussi désinfecter la plaie avec un produit sans alcool.

En cas de morsure sur une patte, immobiliser le membre atteint avec une attelle et une bande non serrée. Amener rapidement l’animal chez le vétérinaire.

Gestes à ne pas faire ou inutiles

  • ne pas inciser la morsure (aggravation du risque d’infection)
  • ne pas aspirer le venin par succion (risque de contamination du secouriste en cas de plaie buccale)
  • ne pas utiliser de l’alcool ou de l’éther (augmente la diffusion du venin)
  • ne pas injecter un sérum antivenimeux (risque de choc allergique)
  • ne pas poser un garrot (aggravation des lésions locales)
  • ne pas mettre du chaud ou une flamme au niveau de la morsure (le venin de serpent n’est pas sensible à la chaleur)
  • ne pas utiliser un Aspivenin (petite pompe destinée à aspirer le venin qui n’a qu’un éventuel effet placebo)

Gravité : urgence vétérinaire vraie

Environ 10% des morsures de vipères sont suivies d’une envenimation et environ 10% des envenimations sont graves.

Les jeunes vipères sont moins dangereuses. Elles ont une quantité moindre de venin. Néanmoins, une vipère est dangereuse dès la naissance.

Les signes cliniques apparaissent entre 30 minutes et 3 heures. L’évolution des troubles s’étale sur quelques heures à quelques jours. Ils se manifestent localement sous forme d’œdème, de boiterie, d’hémorragie et de nécrose localisée. La trace des crochets est visible sous forme, parfois, d’un ou plus souvent deux petits points distants de 0,5 à 1 cm.

Chez le chat, des signes généraux peuvent apparaître :

  • abattement
  • fièvre
  • anémie
  • hémorragies
  • épistaxis
  • pétéchies
  • ictère
  • diarrhée
  • vomissements
  • troubles du rythme cardiaque
  • convulsions
  • paralysie
  • urines foncées voire couleur thé ou café

Les morsures aux babines peuvent entraîner des troubles respiratoires. Les complications de CIVD et d’insuffisance rénale sont souvent particulièrement graves.

Dans les formes graves, le pronostic est réservé et un certain nombre de cas sont mortels. C’est donc potentiellement une urgence vétérinaire vraie pour une clinique comme Vet-Urgentys.

Principales causes possibles

Les accidents se produisent généralement de mars à novembre, période d’activité des vipères. Ils sont plus fréquents au printemps (les vipères sont plus agressives) et à l’automne (période de la chasse).

Les vipères sont en général peureuses. Pour entraîner leur fuite, il faut, lors de sa promenade, frapper le sol avec un bâton et bien surveiller son animal.

  • Vipera aspis se trouve au sud d’une ligne Nantes-Nancy, sauf en région méditerranéenne, dans les friches, les bocages, les broussailles, en terrain plutôt sec.
  • Vipera berus (ou vipère péliade) se trouve au nord de la ligne Nantes-Nancy, dans le Massif central et le Jura, en terrains variés et parfois humides ou marécageux.
  • Vipera ursinii (Provence) et Vipera seoanei (Pays basque) sont beaucoup plus rares.

Hospitalisation

Souvent nécessaire et même indispensable dans les cas graves, chez les chats de petite taille, les animaux âgés ou malades. Selon la situation, des analyses sanguines permettront d’évaluer l’importance de l’anémie et de mettre en place des perfusions adaptées.